Quel joli silence retrouvé par accident cette nuit de couvre-feu. Mais où étais-tu passé ? Cher silence audacieux et apaisant. Longtemps, avant l’hiver de ces années confinées tu nous avais abandoné à nos vies tumultueuses. Là-bas, la route s’est éteinte, aucun camion ne la nourri de ronronement incessant, aucun avion ne hante le vent de son bordonnement, aucun train ne rythme le lointain de son chant d’acier.
Te voilà de retour joli silence, tu nous viens tout droit de 16ème ou du 17ème siècle, tu es celui qui a connu nos ancètres. Celui d'avant l'ère des machines. Seule une cloche d’église lointaine nomme les quarts d’heure.
Silence, oh mon silence ! De la cîme des arbres sans vent au cri de la chouette qui chasse, j'aime tout-à-coup ton retour. Aucun vilain cabot de ferme ne vient troubler de ses aboiements ta venue sur la campagne à la tombée de la nuit. Nul être vivant n'ose troubler ton onde enveloppante et déroutante. Cette fois la nuit est affranchie du bruit du monde.
Jamais, je crois, je n’ai autant plongé en ton néant, au point de chercher désespérément autre chose que le bourdonnement de mon propre cœur. La chienne ne s’y trompe pas et dresse l’oreille au moindre craquement.
Certains voyageurs comptaient le tumulte de l‘océan et le fracas des vagues sur la coque du navire, d’autres, dont je fis parti, s’émerveillaient des cris de la nuit tropicale ; aujourd'hui il n’en est rien. les aventuriers louerons ton retour sans même s'être rendu compte que tu nous avais quitté. La soirée est comme jamais : totalement recouverte de ce film muet ou défilent les nuages ! Comme il est doux de te retrouver : gentil ami de calme et de quiétude... Nous restons là, étonnés, et inquiets, espérant que l‘helicoptère du service des urgences de l’hôpital de la cité en contrebas ne vienne, nous survoler dans un hurlement de terreur.