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Laurent Nicolas

Le marcheur de Paris

Dernière mise à jour : 6 août


" Il s’était étonné que, parmi les millions d’habitants que comptait une grande ville comme Paris, on puisse tomber sur la même personne à de longs intervalles, et chaque fois dans un endroit très éloigné du précédent. Il avait demandé son avis à un ami qui faisait des calculs de probabilité en consultant les numéros du journal Paris Turf des vingt dernières années, pour jouer aux courses. Non, pas de réponse à cela. Bosmans avait alors pensé que le destin insiste quelquefois. Vous croisez à deux, trois reprises la même personne. Et si vous ne lui adressez pas la parole, alors tant pis pour vous." Patrick Modiano


Laurent Nicolas blog

Etude pesonelle acrylique sur toile 80 X 80 cm

Dans les pires moments, au cœur de la nuit, quand on rentre en soi même, à l’heure des idées salies par l’insomnie et des pensées assombries, il convient de marcher. Se saisir des lourdes sentences des mémoires tranchantes commes des lames de rasoirs ; il faut enfiler de bonnes chaussures et traverser la capitale.

Enfant en rentrant de l’école, il s’évertuait à ne sauter qu’une bordure de trottoire sur deux sans s’arrêter. C’est ainsi, par jeu, qu’il a commencé à traverser Paris. En un peu moins de 2 heures et quelques centaines de bordures, on pouvait traverser la ville.

Désormais, bien avant l’heure du premier métro, il retrouvait le vieux jazzman qui remontait sa veste et se remémorant les déconvenues voraces qui ont jalonné des heures et des nuits peuplées pourtant d’une incroyable beauté.


L'homme du jazz et lui, connaissaient un type qui était gardien de nuit dans un hôtel rue de Pontieux. Un garçon gentil qui ressemblait à Antoine Doinel, comme le personnage du film il avait été aux jeunesses musicales de France.

Il ouvrait la porte et ils bavardaient dans les canapés en cuir, de jazz et d’une nuit sans fin à la recherche de la note bleue. Une étrange faune de hors-le-jour venaient parfois y boire un dernier verre en contrebande. Il fallait payer en histoires et en récit, jamais d’argent, leur hôte n’avait pas les clefs de la caisse. Il y avait un air de clandestinité. Ils côtoyaient des gardes du corps des ambassades entre deux quarts, des dandys perdus dans le temps qui partaient en Jaguar décapotable vers Deauville avec des occasionnelles aux cheveux décolorés et aux regards pleins de promesses. Tous se pressaient, comme des chats mouillés dans ce temple inopportun, comme si l’époque des palaces était déjà révolue. Ils avaient en commun de vivre hors du temps. Ils volaient donc le Talisker au bar en grinçant des dents. Se délectant de fou rire sur le prix d’un verre de tourbe au goût dispendieux. Puis ils disparaissaient avant l’aube comme dans les vapeurs d’un rêve ne laissant que le délicat souvenir d’un songe d’une nuit d’été.

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